Beast & the Harlot


« Avec la rapidité de la foudre, Zacky Blacky se propulsa jusqu’aux leviers de commande et actionna le treuil. L’affreux Docteur Fructis fut ainsi brusquement balancé dans l’immense cuve d’acide cryogène. Encore un méchant hors d’état de nuire. Zacky Blacky triomphe toujours !

En refermant le clapet de son ordinateur portable, Steve était plutôt satisfait de sa soirée. Il avait trouvé un moyen astucieux de mettre fins aux agissements diaboliques de l’infâme Docteur Fructis. Une fin efficace, qui ravira sûrement les fans. Pourtant, lors de son feed-back quotidien sous la douche, un sentiment désagréable s’empara de son esprit : il manquait quelque chose aux trépidantes aventures de Zacky Blacky. Un détail crucial. Steve eu beau se creuser la cervelle, il ne trouva pas ce fichu détail qui le remplirait d’une satisfaction au moins aussi apaisante que celle ressentie lorsqu’Annie, la serveuse de son bar habituel, remplissait sa choppe.
Le second rituel rythmant la soirée de Steve consistait à en griller une sous l’auvent de sa terrasse. Tout en inhalant la fumée âcre, il visualisait mentalement les planches que Dom tirera de son scénario. Il apercevait déjà l’énorme phylactère jaune aux bords dentelés planant comme un spectre au dessus de ce pauvre Docteur Fructis lorsqu’il valsera dans la cuve. Et la case suivante, représentant un Zacky Blacky au regard triomphal, les poings sur ses hanches « City of Evil peut à présent se rendormir. Les méchants, je les faire frire ». Steve éclata d’un rire gras qui se perdit dans cette nuit d’été. Les substances relaxantes contenues dans la cigarette ne firent pas effet longtemps, car il repensa à la frustration qu’il avait ressentie sous la douche. Que manquait-il à son histoire ? Il écrasa son mégot avec l’aide de sa semelle, et en embrasa une autre, quand un cri perça la tranquillité du quartier. « Ne t’approche plus jamais de moi. Ne me téléphone plus et ne viens plus jamais sonner à ma porte ! Va rejoindre ta pute maintenant !» Une portière claqua et des pneus crissèrent sur le bitume, tandis qu’une silhouette se détacha de l’obscurité en approchant de sa terrasse. Il n’eut pas besoin de la clarté dégagée par le réverbère puisqu’il avait déjà reconnu la voix : c’était celle de Marissa, sa (très charmante) voisine. Lorsqu’elle passa devant lui en rage, mais aussi en pleurs, il ne la quitta pas des yeux, mais préféra la laisser tranquille. Il fut donc très surpris quand elle lui demanda au passage une cigarette.  Son mascara avait coulé le long de ses joues rondes et son chignon était en pagaille. Il lui tendit une cigarette, puis le briquet, et l’observa un moment en silence. Il remarqua que sa lèvre inférieure tremblait…

Zacky Blacky se tenait dans le renfoncement du mur, observant son associée en attendant le signal. La boite de strip-tease du terrible Beast était cernée de vigiles surveillant le flux de clients. Ils avaient pourtant déniché une entrée par derrière, gardée par un seul homme. Perchée sur ses hauts talons, elle traversa la cour d’un pas assuré, presque sensuel. Impossible que le plan ne fonctionne pas. Elle s’approcha du vigile, lui servit la salade qu’ils avaient concocté plus tôt, et se jeta dans ses bras. Le garde ne broncha pas et Zacky Blacky vit ses mains glisser le long du corps de sa partenaire. Il vit aussi Clarissa fondre en larmes. Le vigile n’eut pas le temps de le remarquer : lorsqu’une larme se détacha de la joue de Clarissa pour atteindre sa peau, il était déjà tombé en poussière. She's a cage for every unclean spirit.


C’est en sentant Marissa gémir sous lui qu’il avait compris. Ce qui manquait à Zacky Blacky était précisément ce qui manquait dans sa propre vie : une présence féminine. Certes, sa voisine était un bon coup d’un soir, mais il se refusa de penser qu’elle l’oublierait déjà demain. Il voulait y croire cette fois. Il fera tout pour qu’elle reste. Tout pour qu’elle soit à lui. Voilà ce qu’il ruminait lorsque le sommeil le happa.
Le lendemain, Marissa n’était plus à ses côtés. Il la chercha dans la salle de bain, le salon, la cuisine, et même sur la terrasse. Déception. Mais pas question de capituler. Tout homme normalement constitué comprendrait illico que la personne qui a partagé ses draps et se tire avant le petit-déjeuner ne veut rien de plus. Mais Steve avait attendu seul trop longtemps. La nuit dernière était la plus excitante qu’il avait passé depuis des semaines, voire des mois. Mais il en voulait plus. Il voulait Marissa.

Une fois la voie dégagée, se faufiler dans le club et se fondre à la foule fut un jeu d’enfant pour Zacky Blacky et Clarissa. Concentrer sur leurs objectifs, ils se mirent en place. Clarissa passa donc derrière le comptoir, se mêlant aux charmantes serveuses tout aussi habillée. Elle sortit un plateau et y déposa deux verres à liqueur au centre. Elle les remplit de Cherry avant de traverser la salle, le plateau en équilibre sur sa paume. Pendant ce temps, Zacky s’était infiltré en coulisses, avait neutralisé le type posté devant les écrans de surveillance et dérobé son pass. Il fut rejoint ensuite par Clarissa tandis qu’il déverrouillait la porte « STAFF ONLY ». Une fois la porte refermée, le brouhaha du club fit immédiatement place à un silence pesant. Ils étaient à dix mètres de leur cible. Le cœur de Clarissa cognait si fort dans sa poitrine qu’elle entendit à peine son poing résonner contre la porte du bureau. Tout se jouait maintenant. Elle entendit un râle de l’autre coté de la paroi. La porte s’ouvrit brutalement et un immense gorille se tint face à elle. « C’est une fille » « Fais la entrer » Il releva les sourcils quand il l’aperçut. « Sortez tous. Laissez-nous » La porte refermée, elle était seule avec la bête. Ses yeux rougeoyant l’intimidait, mais ne tenta de ne rien laisser transparaître. « J’ignore comment tu es arrivée jusqu’ici ma jolie, mais cela ne fait rien. » Il la déshabilla du regard. Un regard salace. Elle s’approcha du bureau, réprimant le dégoût qui se terrait au fond d’elle, et posa le plateau devant le monstre. « Cherry ? » « Tu es futée, toi » Elle essaya de garder son calme. “Bois en premier, chérie” Il lui tendit le verre, avec un sourire narquois. Elle but cul sec le verre, se léchant les lèvres sensuellement ensuite. « Bien » Il porta le verre à ses lèvres. Dès que le liquide toucha la peau ignoble de ses lèvres, il tomba en poussière. « Sache que le scorpion ne peut s’empoisonner avec son propre venin ».

Steve, armé de croissant et d’un immense bouquet de roses, alla sonner chez Marissa. Son cœur cogna très fort dans sa poitrine lorsque la porte en bois bascula, découvrant ainsi sa voisine en robe de chambre, et apparemment très surprise de le revoir aussi vite. « Qu’est ce que tu fais ici ? » « Je suis venu avec des croissants, j’ai pensé qu’on pourrait peut-être déjeuner ensemble » « Je suis désolée Stevie, mais Tom est rentré. Lui et moi, on a fait la paix. Je ne crois pas que ça soit une bonne idée de te faire entrer. Tu sais bien comment il est. » « Marissa, qui c’est ? » questionna une lourde voix provenant des entrailles de la maison.  « Une erreur, mon cœur » C’est à peu près à ce moment là que le cœur de Steve explosa, laissant ses ventricules pendouillant le long de ses côtes. Une trahison. « Je dois y aller. Au revoir » Et la porte se referma devant lui.

Une fois que le diabolique Beast ne fut plus qu’un tas de poussière inerte, Clarissa brisa la fenêtre du bureau avant que les gorilles du défunt ne se décident à revenir. Comme prévu, Zacky Blacky se tenait prêt à partir, au volant d’un splendide bolide. Elle s’envola majestueusement à travers la nuit sombre et atterrit avec élégance sur le trottoir. Ils roulèrent tout les deux vers le Sud, quand elle brisa le silence. « Arrête toi là, s’il-te-plaît ». Ne comprenant pas où elle voulait en venir, il se gara sur le bord de la Nationale 51. Elle se jeta sur ses lèvres. Baiser empoisonné.

Au revoir ? Adieu plutôt ! Un sourire dément déchirait le visage de Steve lorsqu’il laissa glisser l’allumette sur la flaque d’essence mouillant la porte de la maison voisine. « Tu as trahi Zacky Blacky. Crève salope

Destroyed in an hour


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Enfin débarrassée de cette idée! Elle m'est tombée dessus il y a deux semaines, et ne me laissait pas tranquille tant que cette histoire n'était pas terminée. J'ai vraiment peiné à le mettre sur papier, mais au moment de le publier ici, j'en ai ré-écrit une bonne partie et j'espère que ça tient la route. Le détail qui m'ennuie, c'est que j'aurais vraiment voulu écrire une "progression" de la folie de Steve, et faire plus de lien entre lui et son héros de Comic. Mais je suis incapable d'écrire de longs et tortueux OS. Là, je trouve que ça va un peu vite. Si le sujet "un écrivain tombe progressivement dans la folie à cause de ce qu'il écrit" vous passionne, je vous conseille la nouvelle de Stephen King "La Ballade de la Balle Élastique", un titre bizarre mais un Chef-d'oeuvre !

Niveau inspiration, ceux qui avaient déjà vu le clip de Beast & the Harlot peuvent m'accuser de plagiat ! Même si je déteste profondément ce clip, je voulais écrire quelque chose sur cette "trahison". En lisant les paroles de la chanson, je me suis dit "j'ai déjà lu ça quelque part mais où ?" La réponse : Apocalypse de Jean, Chapitre 12 et suivants. Je ne suis donc pas la seule à copier les autres *niark niark*. Je regarde moins les clips qu'avant, mais celui-là, je l'ai bien regarder une fois par jour au cours de ces deux dernières semaines. Même si je l'aime toujours pas, je le trouve très inspirant. Et puis, je trouve que la guitare et la batterie sont juste wonderful sur ce morceau ! (sans parler de Zacky Vengeance, le gars avec les cheveux bleu *est amoureuse*).


3 commentaires:

Ellenat a dit…

Original cet OS, je l'ai bien aimé même si comme tu l'as dit la folie de Steve vient un peu rapidement. Peut-être que tu auras pu juste rajouter un paragraphe d'une 10aine de lignes, pour pas avoir à écrire quelque chose de trop long? C'est juste une idée comme ça >_<
Sinon je sais pas si ça faisait partie de ton but, mais ça m'a fait rire aussi. Enfin j'étais pas pliée en deux mais l'ambiance comic (que tu as bien retranscrie) moi ça m'a fait sourire quand même ^^° En tout cas jusqu'à l'arrivée de Marissa, là je me suis reprise, pis j'ai souri de nouveau à cause des dernières paroles de Steve: simple mais (très) efficace.

Ellenat a dit…

Est-ce qu'ils t'ont dit environ combien de temps ça prendrait avant que tu le reçoive?
Sinon tu as commandé quoi comme CD avec? *u*

Ellenat a dit…

Je connaissais pas du tout alors j'suis allée écouter sur YouTube et je trouve ça pas mal ^^

Oh je vais m'enterrer dans un petit village dans le Sud, rien de bien intéressant... Un truc tellement pas connu que j'ai donné un autre nom sans faire exprès à tout ceux qui m'ont demandé TT